Se donner la main pour protéger les enfants de la violence

Se donner la main pour protéger les enfants de la violence

Abidjan – Depuis son jeune âge, Doignin Konaté a toujours défendu la cause des plus vulnérables et celle des enfants lui tient particulièrement à cœur alors il en a fait son métier. Il est actuellement le directeur du Complexe Socio-éducatif de Soubré, une ville du sud-ouest de la Côte d'Ivoire, un poste qu’il occupe après avoir été précédemment responsable du service protection de l'enfant à la Direction Régionale de la Femme, de la Famille et de l'Enfant à Soubré. Au cours des 10 dernières années, il a géré environ 277 cas de violences à l'endroit des enfants.

Un des cas qui l’a le plus marqué fut celui d’une fillette de 6 ans ayant subi des abus sexuels de la part de son maître d’école. « Il a demandé à la petite de rester en arrière à la pause de midi, et il a abusé d’elle en la menaçant de ne rien révéler. Ce sont les parents qui ont noté le comportement étrange de l’enfant et de fil en aiguille ils ont compris ce qui s’était passé. La gendarmerie a été tout de suite saisie et le coupable est maintenant écroué », explique-t-il.

Dans la Région africaine de l’OMS, trois garçons sur cinq et une fille sur deux sont victimes de violences physiques selon le rapport 2020 sur la violence faite aux enfants. De manière globale, les homicides d’enfants représentent 10 % du nombre total d’homicides tous âges confondus et la Région affiche le deuxième taux d’homicides d’enfants le plus élevé dans le monde.

En Côte d’Ivoire, les filles et les garçons sont exposés à des violences sexuelles et physiques à un taux très élevé, selon le rapport de l’enquête sur la violence contre les enfants et les jeunes. 61% des garçons et 47% des filles ont subi des violences physiques avant l’âge de 18 ans, et 19% des femmes ont subi des violences sexuelles avant l’âge de 18 ans comparé à 11% chez les hommes. Une femme sur six a subi une violence sexuelle avant l’âge de 13 ans.

La violence sur les enfants a plusieurs causes: il y a l’aspect culturel qui admet et encourage même cette violence, en pensant à tort qu’elle est nécessaire pour bien éduquer un enfant. La méconnaissance générale des lois en la matière est un autre aspect qui empire la situation.

Le fait d’être violent envers un enfant entraîne des répercussions dramatiques aussi bien physiques que psychologiques tout au long de la vie. La santé mentale est particulièrement affectée, avec des dépressions et des suicides enregistrés.

Selon l’enquête sur la violence contre les enfants menée en Côte d’Ivoire en 2020, 25% des filles ayant subi une violence sexuelle dans l’enfance entretiennent des idées suicidaires. Chez les femmes n’ayant pas subi cette forme de violence, ce taux n’est que de 6%. Les effets sur la santé physique ne sont pas négligeables avec des conséquences telles que les blessures et handicaps, l’obésité et l’abus d'alcool.

Pour venir à bout de cette situation, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appuie le gouvernement dans la mise en place d’une politique nationale en matière de protection des enfants dont le focus est d’apporter une assistance aux enfants victimes de violence, d'abus et d'exploitation. « La lutte contre la violence sur les enfants est importante car elle préserve leur santé et assure leur bien-être. Nous pouvons leur assurer plus de protection à travers de meilleurs investissements et une meilleure coordination de nos efforts », estime le Représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire, le Dr Jean-Marie Vianny Yameogo.

Cette meilleure coordination des efforts de lutte est à la base du paquet technique recommandé par l’OMS englobant sept stratégies de lutte contre la violence à l’égard des enfants. Celles-ci sont connues sous l’appellation ‘INSPIRE’, et touchent divers domaines d’intervention, prenant en compte les lois, les normes et valeurs, l’environnement, les personnes ayant la charge de l’enfant, le volet économique, les services d’appui et l’éducation.

Le paquet ‘INSPIRE’ a fait l’objet d’une formation de haut niveau appuyée par l’OMS au niveau national. Cette formation visait les professionnels œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfant. Les sessions ont été organisées en juillet 2022 et ont permis à 110 participants d’être outillés pour fournir une réponse adéquate et plus coordonnée aux cas de violence contre les enfants tout en mettant l’accent sur la prévention.

Doignin Konaté en a bénéficié et cela a changé sa perspective. « Avant, nous mettions l’accent sur les actions de prise en charge et on se concentrait principalement sur la victime et sa famille, en excluant la communauté au sens large. Les résultats étaient mitigés et limités. Avec ces stratégies, nous sommes plus dans la prévention. » 

L'OMS a appuyé le dialogue national sur la protection de l'enfant dans le pays. L'appui de l'Organisation est un aspect dont se réjouit Didier Lath, le directeur national des services d'adoption et anciennement directeur de la protection de l'enfance. « Nous voulons changer le monde de la protection des enfants dans notre pays et l'OMS est notre partenaire pour y arriver. Les solutions proposées permettent d'aller plus loin pour prendre soin des femmes, des communautés et des personnes qui s'occupent des enfants. Nous devons travailler en synergie et avoir une seule réponse, qui rentre dans le cadre de la coordination nationale qu'est le Comité interministériel de protection des enfants. » 

Pour Didier Lath, la lutte pour la protection des enfants interpelle tout le monde: « Chaque enfant a le droit de vivre à l’abri de la peur et de la violence. L’approche holistique et coordonnée que nous proposons a fait ses preuves et rend toute la société responsable du bien-être des enfants. C’est tous ensemble que nous pourrons leur assurer la sécurité qu’ils méritent tous. »

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N'TAKPÉ Yavo Edmond
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Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
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